À l’occasion de la Journée
internationale des femmes, des Sahraoui-e-s ont manifesté le 8 mars à
Dajla (Villa Cisneros – territoires occupés du Sahara Occidental) pour
demander la fin de la répression, la libération immédiate de tous les
prisonniers politiques, des informations sur le sort des centaines de
« disparus » et la tenue du référendum d’autodétermination promis et
annoncé par les Nations Unies depuis 1991. Pour toute réponse, plusieurs
unités de l’armée, de la police et des services secrets sont
intervenues très violemment. Bilan : De très nombreux-ses blessé-e-s
graves.
Le lendemain, deux jours après le retour des
onze militants des Droits de l’Homme qui ont effectué des visites dans
les territoires libérés et dans les camps de réfugiés de Tindouf
(Algérie), fait sans précédent, la population sahraouie a organisé, vers
17h30, un sit-in pacifique dans le quartier Maatallah d’El Aïoun
(territoires occupés). Là encore, les manifestant-e-s scandaient des
slogans réclamant l’autodétermination et l’indépendance. Là encore, les
forces de police marocaines ont brutalement chargé la foule, défoncé des
portes de maisons et agressé leurs habitants. Bilan : des dizaines de
Sahraouis gravement blessés, dont des femmes comme Mariam Mghaizlat qui a
été défigurée (photo).
Face à cette répression féroce, inqualifiable
contre des populations civiles pacifiques, l’Association des Familles
des Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA) dénonce la
recrudescence des graves atteintes aux Droits de l’Homme au Sahara
Occidental. L’AFAPREDESA «
rend responsable les autorités
marocaines d’occupation de cette nouvelle escalade au moment même où le
monde entier attend des résultats positifs des pourparlers de paix menés
sous l’égide de l’ONU entre le Front Polisario et le
Royaume du Maroc ». En conséquence, dans l’attente d’un référendum
libre et régulier, l’AFAPREDESA souhaite que
« le mandat de
la MINURSO soit élargi à la protection et à la surveillance des Droits
de l’Homme. »
Par ailleurs, l’Association des Amis de la
République Arabe Sahraouie Démocratique (AARASD) - qui nourrissait
quelques espoirs après les récentes déclarations d’
Herman Van Rompuy,
président du conseil européen,
qui a plaidé en faveur des Droits de l’Homme au Sahara Occidental lors du premier sommet Union Européenne/Maroc à Grenade –
a dû admettre l’évidence. «
En quelques heures, ces
déclarations ont été brutalement démenties par la répression violente et
imbécile d’une manifestation pacifique organisée à
El Aïoun », a expliqué l’AARASD dans un communiqué. Deux membres de
l’AARASD faisaient partie des observateurs étrangers en mission sur
place. «
Elles ont pu témoigner avec émotion et sincérité de
l’ampleur de cette mission et de leur stupeur face à la brutalité de la
répression d’une manifestation pacifique, simplement destinée à
réclamer l’application d’un droit reconnu depuis 1966 par la Communauté
internationale. Avec elles, l’Association des Amis de la RASD témoigne
de tout son soutien aux victimes de la répression et à leurs familles. »
Pour l’AARASD, «
l’heure
n’est plus aux déclarations de principe et aux engagements de fin de
conférence sans effet sur le terrain. L’heure est à la fermeté. La
Communauté internationale doit enfin se donner les moyens de protéger la
population civile sahraouie en élargissant le mandat de la MINURSO à la
surveillance effective du respect des Droits de l’Homme et en mettant
le Maroc en situation de respecter, au Maroc comme au Sahara Occidental,
ses engagements internationaux. Première étape pour qu’enfin le
référendum d’autodétermination devienne possible et permette au dernier
peuple colonisé d’Afrique de choisir librement son
destin. »